La modélisation des coûts évités est une méthodologie couramment utilisée par les autorités de réglementation pour l’évaluation du spectre. Il s’agit du calcul de la réduction potentielle du coût auquel un opérateur peut s’attendre si un spectre supplémentaire est disponible dans son portefeuille de spectre, à la suite d’un processus d’attribution. Les économies découlent de la possibilité d’utiliser ce spectre supplémentaire pour améliorer sa capacité ou étendre sa couverture sans entraîner de coûts additionnels relatifs au déploiement d’une infrastructure physique.

La valeur du coût évité d’une bande de spectre spécifique est calculée en supposant que l’opérateur considère le spectre comme une bande passante marginale. L’opérateur évalue tout d’abord la bande passante totale qu’il est susceptible d’avoir dans son portefeuille à long terme, en prenant en compte la possibilité d’acquérir un nouveau spectre au cours d’une future vente aux enchères (ou d’une vente). Le coût total du déploiement et de l’exploitation du réseau, compte tenu de cette quantité supplémentaire de spectre, est alors calculé. Dans un second temps, cette bande de fréquences que l’opérateur prévoit d’acquérir au cours d’une vente aux enchères est supprimée du portefeuille en tout ou partie et un nouveau coût de réseau basé sur ce nouveau portefeuille de spectre réduit est calculé. La différence de coût entre les deux scénarios équivaut à la différence entre les coûts de réseaux d’accès radio.

Les coûts de réseaux d’accès radio de chacun des scénarios sont calculés en trois étapes :

  • détermination de la demande : il s’agit d’estimer la demande en trafic de données mobiles d’un opérateur à partir du trafic de données mobiles du pays, en fonction de la part de marché de l’opérateur dans les différentes régions. Le trafic régional de l’opérateur est à son tour réparti entre les différents géotypes, eux-mêmes définis par la densité de population ;
  • dimensionnement du réseau : le trafic de chaque géotype ainsi que les obligations de déploiement et de couverture du réseau de l’opérateur déterminent l’étendue de l’infrastructure physique 3G et LTE requise dans le réseau d’accès radio. Le nombre de stations de base 3G et LTE et les liaisons de transmission sont déterminées à partir de ces intrants, des paramètres techniques du réseau tels que la capacité de transmission supposée pour chaque composant et de la quantité de spectre disponible pour l’opérateur. Les résultats de cette étape constituent le volume d’infrastructure pour chaque année de la période de licence de spectre ;
  • chiffrage des coûts de réseau : le coût unitaire annualisé de chaque composant sur les réseaux radio 3G et LTE est ensuite appliqué aux résultats de l’étape de dimensionnement du réseau afin d’obtenir le coût total induit pour chaque année d’exploitation pendant la période de licence. Le coût annualisé comprend à la fois les dépenses d’investissement et d’exploitation. Les coûts annualisés totaux sont ensuite actualisés avec le coût du capital adapté et additionnés entre eux pour calculer la valeur actuelle nette des coûts de réseau d’accès radio.

La figure ci-dessous illustre de manière simplifiée l’approche de la modélisation des coûts évités.